On vous livre quelques pages du roman en cours d’écriture

Et si, tout était possible …

Nos inspirations

Les lieux

Seigneurie du Triton, Lac Léman, Jackson hole,
le Luberon



Les hommes et les femmes

Anita, Bruce, Mohamed, Juan, Sébastien, Lidye, Bernard, Jean-Pierre, Brent & Jamie, Christian, Nasser, la Fleur des Anges,
Merci à eux



Les Artistes

Sheller, Renaud, Ibrahim, HK, Saez, le zoulou blanc



Les grands Hommes

Thoreau, Tolstoï, Gandhi

Le vrac de nos pensées, Petit extrait du roman en cours d’écriture

Je ne renoncerai pas
Ni à tes yeux
Ni à tes bras ni à ta bouche
Ni à ton rire ni à ton comportement fou
Ni à tes baisers dont je deviens fou

Même pas à la force avec laquelle tu me donnes envie
Extrait de No renunciare Alci Acosta

Je lui fais son petit-déjeuner comme tous les matins depuis maintenant trente ans. Le son
du ruisseau au loin, les oiseaux gazouillant autour de nous. Notre maison est simple, une
cabine en bois rond de soixante mètres carrés, entourée de verdure, d’un cours d’eau et
d’une faune qui nous tient heureuse compagnie. Quinze ans que nous vivons en retrait du
monde dans l’anonymat le plus complet, avec le simple nécessaire pour notre quotidien.
Autour de nous, mille hectares que nous avons achetés loin de la civilisation pour vivre en
paix avec la nature. Nous utilisons la technologie avec parcimonie : pas d’Internet sauf
pour faire une recherche de temps à autre et juste une ligne téléphonique pour
communiquer avec notre famille proche.
Ange, à mes côtés depuis toutes ces années, est toujours aussi belle. Son sourire et son
regard restent les mêmes. Comme souvent, elle dort encore quand je me lève, profitant
des heures paisibles du matin. Elle aime traîner au lit pour se lever quelques heures après
moi. Chaque matin, elle vient coller sa poitrine contre mon dos, enrouler ses bras autour
de moi et déposer sa tête sur mes épaules. Je caresse ses mains et comme tous les jours
où je peux le faire, je profite de ces quelques minutes de calme et de simplicité. Elle est
belle, mystérieuse, discrète, presque irréelle. J’ai mis longtemps à comprendre où était le
bonheur. Un temps, je l’ai cherché dans ma vie sociale et dans mon travail mais il me
manquait toujours quelque chose… Une simple caresse le matin, un sourire à la fin de la
journée, partager un moment ensemble le soir. Chrétienne, elle remercie Dieu de nous
avoir réunis et de nous avoir donné tout ce qu’on a aujourd’hui. Moi, athée, c’est à elle
que je témoigne ma gratitude.
Notre vie est simple.
Les centaines de millions de dons touchés grâce à la fondation ont été utilisés pour créer
des écoles aux pédagogies différentes, des lieux d’accueil pour les enfants et des zones
protégées où l’ensemble des habitants vivent en harmonie et en bonne intelligence. Des
milliers de coopératives ont été créées pour que le travail soit mieux rémunéré. Comme
d’autres avant moi, j’ai fait don de mes textes à l’humanité et je continue d’offrir mes
poèmes. Parfois, je perçois des dons que je reverse à la fondation, qui je l’espère,
continue à œuvrer pour le bien comme nous le faisions.
Nous vivons de presque rien. Notre quotidien est rythmé par le ciel, la nature, les animaux
et le bal des saisons. Ange, amoureuse de l’automne depuis toujours, attend chaque
année cette saison si particulière. Souvent, nous marchons pour observer les feuilles
changer lentement du rouge au jaune, en passant par cette couleur ocre qui me rappelle
la Provence où j’ai passé tant d’années.
Elle me regarde parfois et me demande : « Tu ne manques de rien, ça te suffit tout ça ? »
Voilà des années que cette question la taraude.
« Non, j’ai tout ce que je désire. »
Ce matin, je décide de l’emmener au bord du ruisseau. Je la prends dans mes bras, ma
tête sur son épaule et proche de son oreille, je lui murmure :
« Regarde, écoute, ressens… Sentir cette brise fraîche, entendre le son du ruisseau et ces
quelques oiseaux autour de nous. Et nous, ce que nous sommes ensemble, cette magie
toute simple. De quoi d’autre pourrais-je avoir besoin ? »
Comme à son habitude, elle reste sans mots. Je ressens son cœur se réchauffer et son
esprit s’apaiser, heureuse des choix fous faits ensemble ces trente dernières années.
Rencontrée quand j’avais la trentaine, je suis tombé sous le charme de cette mystérieuse
femme au regard doux et délicat. Une rencontre improbable, une distance inévitable, des
retrouvailles inespérées.
Quand nous le décidons, nous allons faire un tour dans le village écologique que nous
avons initié où vivent le plus simplement possible quelques milliers d’habitants dans des
maisons indépendantes. Ils mènent une existence inspirée d’un mélange de philosophie
moderne et de philosophie ancienne, des différentes cultures de ce monde et des
enseignements acquis après des années d’observation et d’écoute de la nature. Le
temps a amené ingénieurs, médecins, infirmiers, restaurateurs, agriculteurs, journalistes
et autres nombreux professionnels, fatigués du mensonge et de la réalité d’un monde
incompréhensible où tout n’est que compétition, rentabilité et productivité.
Ici, il n’y a qu’un seul objectif : sourire, rire, partager. Le lieu a été conçu pour favoriser la
vie en communauté, tout en respectant l’indépendance des habitants. Chaque maison a
son propre terrain. Nous avons établi quelques règles, la première étant de laisser son
passé derrière soi. La non-violence est bien sûr de rigueur, le moindre acte de brutalité
étant immédiatement réprimé par une expulsion du lieu. La vie n’est pas faite pour avoir
peur ou pour craindre les réactions des autres. Tout doit se régler par le dialogue et avant
tout la tolérance.
Ange et moi vivons au milieu de toutes ces personnes que nous avons appris à connaître
et à apprécier avec leurs différences. Nous sommes malgré tout le plus souvent à l’écart.
Ange continue de donner quelques cours à l’école à la pédagogie partagée que nous
avons créée. Les enfants apprennent beaucoup de nous mais c’est nous qui apprenons
le plus, à les regarder évoluer de générations en générations.
Notre vie est simple et nous ne pourrions pas en être plus heureux.